24.4.07

Scène de vie cycliste

Nous sommes à un arrêt (Parc Lafontaine/Rachel). Une mère est là avec ses deux fillettes. La plus petite s’est arrêtée un peu trop près de la ligne d’arrêt au goût de la mère.

« Cassandra, je t’ai dit de ne jamais t’arrêter plus loin que moi! Ça ne te donne rien! »

Moi je regarde sa plus grande, deux mètres plus loin. Décidément, les règles ne sont pas les mêmes pour la petite et pour la grande. La petite ne dit rien, mais avance son vélo de 50 centimètres, ses yeux dans les yeux de sa mère. Petite crisse.

« Cassandra, qu’est-ce que tu fais là? Tu crées une situation de stress inutile à maman! »

Oui, elle a dit ça, la mère. Tu crées une situation de stress inutile à maman.

*

Bon ok, je n’ai pas d’enfants, je ne connais pas la désespérance de ne pas avoir de contrôle sur les petites crisses. Mais vous les mères, vous êtes nombreuses à dire des phrases du genre à vos enfants? Et nous, les non-parents, nous sommes nombreux à nous pisser dessus en entendant des conneries du genre?

9.4.07

De l'eau, du soleil et un peu de compost

Souvent ces temps-ci, je me sens à côté de la plaque.

J’ai vu mon père et j’ai appris qu’il a voté ADQ. J’ai vu mon père et j’ai supporté de l’entendre affirmer qu’une propriétaire est parfaitement justifiée de refuser un couple avec ado pour ne pas subir sa musique trop forte. Je lui ai répondu simplement que « j’ai voté Québec Solidaire et la discrimination ne fait pas partie de mes valeurs. » J’ai vu mon père et j’ai mieux compris les silences entre nous, de plus en plus longs, de plus en plus vides.

J’ai la frustrante impression de parfois passer pour une écolo-grano-post-hippie ridicule avec certaines de mes habitudes de vie. Oui, j’envisage de faire du vermicompostage avec l’Amoureux (je te l’apprends, chéri) et non, les vers ne me dégoûtent pas. Non, je n’ai jamais eu de voiture et oui, j’irai travailler à vélo tout l’été. Oui, je choisis de manger bio quand je le peux et oui, je paie plus cher pour ce choix. Oui, l’environnement m’importe, notre avenir collectif m’angoisse, et oui, je tâche d’ajuster un tant soit peu mes comportements en ce sens. Mais ma question est : qu’est-ce que ça change dans votre vie? En quoi est-ce que ça vous menace, pour que vous ricaniez derrière mes pas ou que vous m’offriez le sourire poli qu’on réserve habituellement aux enfants un peu lents? Je vous laisse surconsommer, laissez-moi poser ces petits gestes de rien du tout pour essuyer quelques traces de votre gâchis.

Je me sens à l’envers de la masse parce que je n’en peux plus d’entendre les Têtes à claques à longueur de journée et parce qu’ils ne me font pas rire, non plus que Elvis Gratton, ma vie my life, pas plus que Le Banquier ne me fascine.

J’ai la vache peur de me faire frapper à chaque coin de rue par des automobilistes qui parlent au cellulaire et qui m’envoient chier parce que j’utilise le droit du piéton de traverser la rue au feu vert.

Bref, depuis plusieurs jours, je me sens décalquée par rapport à ce qui m’entoure. Je me sens perdue dans mon monde, seule sur une île, à repousser à coup de bâton de baseball la vie qu’on voudrait que je mène. L’impression de ne pas être au bon endroit au bon moment. Conflits de valeurs.

Et pourtant, et pourtant. Aujourd’hui, Daniel Bélanger dans le colimaçon, les mains pleines de terre, j’ai souri. Puis je me suis dit que moi aussi, j’aurais besoin d’un peu plus d’espace et de nouveau terreau pour m’enraciner dans ce sol pauvre, sec et acide. De l’eau, du soleil et un peu de compost pour vous aimer à nouveau.

6.4.07

Chercher un appart, c'est comme chercher un chum

Je ne sais pas si le rapprochement a déjà été fait – probablement – et si mon texte aura une odeur de déjà-vu (ça fait toune de Lynda Lemay je trouve!), mais en tout cas…

*

Je l’affime :
Chercher un appart, c’est comme chercher un chum.

Le printemps est la saison des amours. On se court après, la fébrilité hante les rues de Montréal. Les filles jouent le grand jeu : elles se montrent respectueuses et responsables à ceux qui cherchent la stabilité et la platitude absolue, et sexy, rigolotes et intéressantes aux autres qui cherchent le feeling qui pourrait les faire craquer. Les gars exhibent des sourires francs, essayent d’inspirer confiance et de cacher leur nature fondamentale de coureurs de jupons. Les couples font leurs sorties de couple, on les trouve cutes et on aimerait bien les avoir pour voisins. Par contre, les couples avec enfants sont totalement out. C’est la saison des amours, qu’on a dit! Pas la saison des familles. Exit. Restez donc chez vous avec vos morveux, leurs cris nous empêchent de nous entendre roucouler.

Y’en a des gros, des laids, des super grands, des p’tits vieux rabougris qui nous attirent juste pour l’argent. On est toujours attiré par les plus beaux, les plus jeunes (même si les plus matures ont certes des attraits incontournables!), les mieux bâtis, les plus in. Chacun a son petit défaut qui nous fait hésiter à nous engager. On est parfois tenté par l’exotisme de la Rive-Sud ou de Laval, me semble que ce serait tellement plus facile! ...Mais on se reprend rapidement.

Dans les deux cas, pour trouver ce qui nous convient réellement, vaut mieux éviter les petites annonces. Tout le monde recherche la même chose, et alors l’annoncé à tout loisir de choisir. On fait la file, on attend, on est con. Bien souvent, on est déçu quand on voit pour vrai. Tout le monde est toujours plus beau en description. Et puis les photos, c’est pas pareil.

Vaut mieux miser sur les amis d'amis pour faire les bonnes rencontres. Le contact est facilité, on a les bonnes références. Terrain connu. Plus simple.

Et bien sûr, on en arrive au point le plus important. Il a beau avoir tous les attributs nécessaires sur papier ou entre les jambes, reste que rien ne fonctionne si le feeling n’y est pas. On se sent bien en sa présence, ou pas. C’est instantané, ça se sait tout de suite. Parfois un seul détail nous fait accrocher. On le sait, on le sent. C’est lui.

Parfois, on hésite trop. Il a tous les attributs, il est beau et grand et sympa, mais… mais ça clique pas. On voudrait tellement, pourtant. Et puis y’a juillet qui arrive – et puis y’a la trentaine qui s’en vient – faudrait bien s’installer sérieusement, non? On hésite, on sait pas trop. Mais y’a rien à faire, ça passe pas. Vaut mieux alors laisser tomber.

Parfois, par contre, on hésite pour un détail futile. Il n’est pas exactement comme on s’y attendait, comme on l’avait imaginé. On sait que ça pourrait fonctionner, mais on a peur. Comment, tout ça pour moi, à ce prix-là? Si facile? Et on trouve des raisons de ne pas le prendre. Oui, il est bien entretenu, mais il n’est plus si jeune. Oui, il est beau, mais il est un peu plus petit que je ne le pensais. Mais t’as vu les grandes fenêtres? Et t’as vu la disposition des pièces, si agréable et chaleureuse? Et le plancher de bois franc? Ben voyons, il doit y avoir un piège, ça se peut pas! Je ne le mérite pas! Là, voilà, faut y aller. Y’en n’a pas toujours, une pogne. Parfois c’est juste la chance qui nous fait tomber dessus. Faut dire oui.

Et comme toujours, c’est quand tu es déjà en couple qu’on te propose les échanges alléchants. Ton mec contre le mien! Mais voilà, ça marche jamais, parce que ton mec il est trop petit, trop exotique, pas assez ceci, pas assez cela. OK laisse faire, je garde le mien d’abord!

Enfin, c’est aussi quand ton mec est ailleurs que tu pognes le plus. Rien que depuis qu’il est parti, ça fait 3 jours, j’ai déjà visité 2 appartements et revu 2 ex sur la rue. Et là arrivent les grandes décisions. Je le prends ou je le prends pas? Je dois vraiment décider ça toute seule? On pourrait pas attendre un peu, prendre notre temps pour y penser chacun de notre côté, le temps que mon homme revienne?

Mais non, je dois décider si je prends un appart pour mai ou non, toute seule. Mon homme m’a donné pouvoir de décision, il me fait pleinement confiance.

J'ai choisi, chéri. C'est non. On continue de chercher. Ensemble!

4.4.07

Soliflore avouée, je me languis de l’écarlate de ton être.