7.3.06

8°C un vendredi 13 janvier

Un peu étourdie par la cigarette à mes doigts, je marche au centre-ville de Montréal. Enfin, j’y suis, là où j’ai inconsciemment longtemps rêvé d’être : dans la vie de Montréal. J’en suis. J'écrirais spontanément "Enfin", mais ce ne serait pas le reflet de ma pensée. Je suis là où je dois être au moment où je dois l'être. Il n’y a pas de Enfin qui tienne.

Il fait 8°C un vendredi 13 janvier, mais le dérèglement de la nature ne m’inquiète plus aujourd’hui. J’en profite à plein poumon, sans foulard autour du cou, le manteau détaché. Je regarde les gens qui marchent à mes côtés. Des étudiants, des travailleurs comme moi. Plusieurs parlent anglais et aujourd’hui ça ne m’agace pas : Montréal est bilingue, c’est une partie de son charme. Une femme chantonne un air d’opéra. Des amis potinent. Le soleil me caresse le visage. La brise fait flotter mes cheveux trop courts.

J’ai un emploi, j’ai des amis, je pense à un homme. Je me sens bien. Je suis là où je veux être et je ne serais personne d’autre à cet instant même.

Les arbres bordent la rue mouillée qui se vide lentement de sa blancheur. Pour aujourd’hui, je crois que c’est le printemps en janvier, et j’en suis heureuse. La nature se met à mon diapason. Serais-je responsable des changements climatiques?

Je marche, je fais le tour du carré, je respire l’air de Montréal. Aujourd’hui je croirais qu’il n’est pas vicié. Il regorge d’odeurs de printemps.

Et puis vite je reviens à mon bureau pour écrire ce bonheur. Parce que écrire fait partie de mes bonheurs. Parce que souligner un bonheur le prolonge. Parce que le partager est encore plus précieux.