26.3.07

Dix secondes de trop

Samedi midi au soleil. Je suis occupée à embrasser l’Amoureux au coin d’une rue, en nous répétant combien on s’aime, les cœurs au chaud et les lèvres à l’humide. Je suis bien emprisonnée dans ses bras, quand tout à coup, je le sens sourire et se détacher de moi. Il me dit gaiment : « Nathalie est là, veux-tu la rencontrer ? Mais t’as comme pas le choix, elle s’en vient ! Wow, je suis content de la voir, ça fait 4 ans que je l’ai pas vue ! »

Nathalie, c’est l’ex. L’ex d’avant-avant moi. Pas la dernière là, l’autre d’avant. Celle dont il me parle parfois, toujours en disant de bons mots : « C’est Nathalie qui m’a apporté ça, elle m’a fait découvrir ceci, j’ai appris cela avec elle… » Bref, la Nathalie en question a un très bon capital de sympathie de ma part. Je sens que je lui en dois toute une dans la construction de mon homme actuel. Sans elle, sans eux ensemble, pas d’Amoureux tel qu’il me plaît aujourd’hui.

Je me retourne donc, large sourire aux lèvres, prête à rencontrer chaleureusement la Nathalie. Mon homme a déjà enlevé son couvre-chef (poli!). Il lui sert un sourire sincère, lui lance un joyeux « Salut ! Ça va ? », les bras tendus.

Mais quelque chose cloche. Je le sens rapidement et rabaisse mon sourire d’une coche.

La dame n’est visiblement pas heureuse de rencontrer son ex. Elle offre vaguement un sourire forcé puisqu'elle ne peut pas faire semblant de ne pas le reconnaître, accélère le pas : « Oui, ça va, et toi ? », n’attend pas la réponse, regarde ailleurs, traverse la rue. Voilà. C’était Nathalie.

Nous sommes tous les deux bouche bée. De kessé ?

*

Dix secondes plus tard, l’Amoureux me fait un peu pitié, avec son air surpris, sa tuque à la main et son sourire figé dans la face. Les bras lui retombent. Le sourire se mue en stupeur : « Je comprends rien ! Me semblait que c’était correct entre nous, maintenant… » Après 4 ans, il avait des raisons de croire qu’elle avait fait la paix avec leur relation.

Il remet sa tuque. On reprend le chemin, les têtes remplies de pensées. On élabore 12 théories pour expliquer son comportement. Il n'arrive pas à comprendre.

*

Je suis, encore aujourd'hui, plus touchée que je ne l'aurais pensé par le comportement de Nathalie.

L'Amoureux a tenu sa tuque à la main 10 secondes de trop.
Elle tient sa douleur à pleine main depuis 4 ans.

1 Comments:

At 10:36 a.m., Blogger crocomickey said...

Que cette conclusion est belle.

 

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