9.4.07

De l'eau, du soleil et un peu de compost

Souvent ces temps-ci, je me sens à côté de la plaque.

J’ai vu mon père et j’ai appris qu’il a voté ADQ. J’ai vu mon père et j’ai supporté de l’entendre affirmer qu’une propriétaire est parfaitement justifiée de refuser un couple avec ado pour ne pas subir sa musique trop forte. Je lui ai répondu simplement que « j’ai voté Québec Solidaire et la discrimination ne fait pas partie de mes valeurs. » J’ai vu mon père et j’ai mieux compris les silences entre nous, de plus en plus longs, de plus en plus vides.

J’ai la frustrante impression de parfois passer pour une écolo-grano-post-hippie ridicule avec certaines de mes habitudes de vie. Oui, j’envisage de faire du vermicompostage avec l’Amoureux (je te l’apprends, chéri) et non, les vers ne me dégoûtent pas. Non, je n’ai jamais eu de voiture et oui, j’irai travailler à vélo tout l’été. Oui, je choisis de manger bio quand je le peux et oui, je paie plus cher pour ce choix. Oui, l’environnement m’importe, notre avenir collectif m’angoisse, et oui, je tâche d’ajuster un tant soit peu mes comportements en ce sens. Mais ma question est : qu’est-ce que ça change dans votre vie? En quoi est-ce que ça vous menace, pour que vous ricaniez derrière mes pas ou que vous m’offriez le sourire poli qu’on réserve habituellement aux enfants un peu lents? Je vous laisse surconsommer, laissez-moi poser ces petits gestes de rien du tout pour essuyer quelques traces de votre gâchis.

Je me sens à l’envers de la masse parce que je n’en peux plus d’entendre les Têtes à claques à longueur de journée et parce qu’ils ne me font pas rire, non plus que Elvis Gratton, ma vie my life, pas plus que Le Banquier ne me fascine.

J’ai la vache peur de me faire frapper à chaque coin de rue par des automobilistes qui parlent au cellulaire et qui m’envoient chier parce que j’utilise le droit du piéton de traverser la rue au feu vert.

Bref, depuis plusieurs jours, je me sens décalquée par rapport à ce qui m’entoure. Je me sens perdue dans mon monde, seule sur une île, à repousser à coup de bâton de baseball la vie qu’on voudrait que je mène. L’impression de ne pas être au bon endroit au bon moment. Conflits de valeurs.

Et pourtant, et pourtant. Aujourd’hui, Daniel Bélanger dans le colimaçon, les mains pleines de terre, j’ai souri. Puis je me suis dit que moi aussi, j’aurais besoin d’un peu plus d’espace et de nouveau terreau pour m’enraciner dans ce sol pauvre, sec et acide. De l’eau, du soleil et un peu de compost pour vous aimer à nouveau.

10 Comments:

At 7:31 a.m., Anonymous Anonyme said...

Salut Sauterelle !

Un petit mot pour dire que c'est la première fois que j'atterris sur ton blogue et que déjà, ce premier texte me charme... parce que je m'y reconnais à 98 %, ce qui est tout de même assez extraordinaire. Bref, t'es pas la seule qui passe pour une extraterrestre, t'inquiète pas... Ça me rappelle quand j'ai commencé à utiliser mes propres sacs réutilisables à l'épicerie de mon coin de BS pollueurs... Je me faisais regarder tellement bizarrement, même pas les caissières!
(PS- Le 2 % restant, c'est parce que de mon côté, je trouve que les Têtes à claques sont quand même drôles à peu près une fois sur quatre ou cinq, et que la vermimachin, j'ai beau admirer grandement le geste... j'serais juste pas capable de m'y adonner, désolée...)

 
At 7:31 a.m., Anonymous Anonyme said...

*même PAR les caissières, dis-je...

 
At 10:55 a.m., Blogger Vertige said...

Courage, on est de moins en mois seules, du moins j'aime à le croire.

 
At 3:45 p.m., Anonymous Anonyme said...

mocha 19
...et je pleure de toutes ces belles valeurs. Non ma belle, tous ces gestes ne sont pas perdus. Tu n'es pas à côté de la plaque comme tu dis. Tu sers à faire l'équilibre avec les trop nombreux pollueurs inconscients!

Je te sens heureuse là dedans et c'est la seule chose qui compte. La vie m'a appris que quoi tu fasses, les autres trouveront toujours quelque chose à redire...alors aussi bien suivre tes valeurs. Qu'en dis-tu?

 
At 11:43 p.m., Blogger Geneviève said...

Mais non, tu n'es pas seule, voyons.

Et c'est pas parce que c'est écrit dans les journaux que le bonheur est à Repentigny.

 
At 9:42 a.m., Blogger Yza said...

Je me sens comme toi souvent. Et puis des fois j'entends mon fils de 6 ans s'indigner et réprimender son grand-père parce qu'il a mis des papiers dans la poubelle et non dans le recyclage, et ça me fait plaisir. Je pense que dans le fond on prêche par l'exemple, même si on ne se rend pas toujours compte de l'influence qu'on a sur les autres. C'est le jour de la terre bientôt et il y a de l'espoir. Reste juste à avoir une société pollueur/payeur et à développer une volonté politique pour encourager( ou forcer) les industries suivre le mouvement. Un père adéquiste, je compatie , lol

 
At 1:44 a.m., Anonymous Anonyme said...

Tourlou sauterelle...

Ne sois pas tristounette, mon tu n'es pas seule. Courage! Quel habileté à jongler avec les mots!

De plus, ton ''savoir-dire'' limpide comme l'eau, radieux tel le soleil et nourissant comme le compost a le pouvoir de ''contaminer''. Alors, enfant d'autonomiste ou plutôt digne souveraine d'un demain pour nos héritiers....lève ta pelle bien haute!

Collette

 
At 2:36 p.m., Blogger Francois said...

Salut Sauterelle,

Je suis de tout coeur avec tes pensées et croyances concernant l'environnement... j'ai cette dualité intérieure qui affirme que les gens sont forts étranges dans leur façon de penser et d'agir. Ils disent que l'environnement est important, qu'il faut le préserver, mais jamais ils n'accepteront de délaisser leur voiture pour l'autobus.

J'ai fait ce changement en arrivant ici à Hull... un changement qui s'imposait de lui-même : des coûts astronomiques de stationnement et d'entretien sur la voiture combinés à des voies réservées pour les bus! Bref, je me demande aujourd'hui comment j'ai pu utiliser ma voiture tout ce temps.

Je fais même parfois l'épicerie à pied (épicerie qui est à 1.5 km de chez moi!)... parce que comme mon prof de socio au cégep disait : je vois des têtes de morts sortir du silencieux de chaque voiture.

Voilà, mes pérégrinations sont terminées pour la journée!

À bientôt!

Francois le Hullois...
Ne m'appelez jamais le Gatinois!

 
At 9:13 p.m., Blogger Sauterelle said...

François? François comme dans: "Quand est-ce que tu passes par Montréal sur le chemin de Sherby?!!" Bien le bonjour au Hullois! - et aux autres commenteux aussi, bien sûr!

 
At 9:14 p.m., Blogger Sauterelle said...

François comme dans: "Un petit peu de salsa sur ta toast, mon cher?"...?

 

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