30.11.06

Bien sûr que je pleurerai!

En ce jeudi soir, j'avoue que je feel relaxo-groovy-happy-bien. Je viens d'apprendre que je recevrai bientôt sur CD le film que nous avons tourné au Mali (en février 2003!!!). Incroyable, mais vrai, presque 4 ans après. Tsé le genre de chose qu'on oublie qu'on a faite. Et puis là ça réapparaît. Magie!

Et pourtant, je sais que je re-pleurerai quand je verrai la dédicace de notre film à une stagiaire de notre groupe, qui est décédée 5 mois après notre retour. La fille avec qui je m'entendais le mieux dans le groupe. Mon plus beau souvenir avec elle s'est déroulé une nuit, à Bamako, la capitale. Nous dormions sur le toit de la maison, sous les filets. Nous avions parlé jusqu'à 5 h du matin toutes les deux, car nous voulions entendre le fameux appel à la prière, qui nous faisait tellement tripper chacune. Les confidences et les rires de cette nuit resteront à Bamako... Notre excitation aux premières notes du muezzin, aussi.

Elle était retournée au Mali, jugeant que son trip africain n'était pas fini. Je crois même que sa famille avait payé le billet, la voyant si déterminée à continuer. Et bien voilà, fallait que son trip là-bas la mène au bout d'elle-même, au bout de sa vie, on n'aura jamais si bien dit. Un autobus droit dans le corps et bam! c'est fini, le trip africain. Le processus de rapatriment commence, le cauchemar de la famille aussi. Elle s'est battue durant plusieurs jours jusqu'ici, dans le coma, inconsciente mais assez présente pour permettre à ses proches de la revoir une dernière fois avant d'abandonner.

Je n'avais pas été triste à ses funérailles: comment peut-on être triste par la réalisation d'un rêve? Un rêve qui coûte une vie, soit. Mais un rêve, bon dieu! J'avais été très émue et sous le choc de voir une photo d'elle et moi dans son cercueil, une photo choisie parmi d'autres de son voyage, mais qui m'avait value des regards troublés de la famille lorsque j'étais entrée dans le salon funéraire. J'étais surtout heureuse de voir que sa famille l'avait respectée jusque-là. Même couchée dans son cercueil, elle portait ses lunettes soleil sur la tête, et une simple camisole. Pas de fla-fla-la-robe-propre-gnan-gnan-gnan, ça aurait été outrage à son (très fort!) côté "tom-boy". Elle aura été fidèle à elle-même jusqu'au bout, et sa famille l'aura respectée. Jusqu'à son père qui avait écrit "Ne bi fe" (Je t'aime) en bambara sur sa couronne de fleurs, parce que ça avait été les dernières paroles que sa fille lui avait dites.

Vous voyez, je vous raconte sa mort aujourd'hui, alors que mon état d'esprit est très relaxo-cool-gentil-bonheur. Comme quoi elle m'inspire surtout de mordre encore plus dans la vie, comme elle l'a si bien fait, durant ses 24 ans. Je suis convaincue qu'aussi peu qu'on s'est connues (quoi? une petite année du début des préparatifs pré-stage à sa mort?), elle me sourit d'en haut et je le lui rends bien en ne pensant à elle qu'à travers ses éclats de rire et ses "thumbs up" à la vie.

Mais bien sûr que je re-pleurerai en voyant son nom au générique de notre film.

3 Comments:

At 9:25 a.m., Blogger Galad said...

Très touchante cette histoire, Sauterelle. C'est vrai que la mort prend un aspect beaucoup moins dramatique quand elle survient pendant la réalisation d'un rêve.

Bon cinéma!

 
At 2:20 p.m., Blogger Vertige said...

C'est tout de même très triste, la mort, à n'importe quel age, avec tout ce qui reste à voir et tous les gens qu'on a envie d'aimer encore longtemps...

C'est très touchant ce que tu écris.

 
At 4:01 p.m., Anonymous Anonyme said...

Tu sais que je pleure... et beaucoup à part de ça. Je ne peux m'empêcher de m'imaginer ce qui serait arrivé si ça avait été toi!
Je sais cependant que j'aurais eu le même respect que ses parents pour la cérémonie d'adieu.
Je remercie la vie de m'avoir donné une fille à l'âme si sensible et si généreuse.

 

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