21.12.06

Sauterelle-Reporter d'un soir

Venez donc ici que je vous fasse mon premier billet d’actualité ! Oui, oui, mon blog bascule dans l’univers du fait divers en direct ! C’est que, voyez vous, mon quartier est en feu. Père-Marquette flamme.

Un beau jeudi soir de vacances, nous revenons tranquillement d’une soirée de filles sympa. Mais nous devons faire un détour. Le quadrilatère est fermé. Y’a feu. Y’a flammes. Y’a camions. Y’a rubans. Y’a pompiers.

On me dépose chez moi. Du salon, je vois les hautes flammes qui sortent furieusement du toit du haut édifice (c’est dire !). Vite, je ressors. Je dois aller voir de plus près. C’est un gène de mon père, qui se levait à 3 h dans la nuit et qui partait avec sa chaise de camping pour aller voir les feux. Aujourd’hui, il est heureux : le mari de ma sœur est pompier. Il vit l’adrénaline des feux par procuration et il reçoit tous les call en priorité.

Je suis donc là, avec la petite foule qui s’amasse. Silhouettes noires et nerveuses se glissant dans la nuit. Je reste là, ombre discrète, derrière un arbre. La vaste majorité des spectateurs est constituée de jeunes survoltés de voir leur école flamber. N’a-t-on pas tous fantasmé à ce moment jouissif? Et dans la foule ça commente. Y’a des connaisseurs, bien sûr, y’en a toujours dans ces cas-là. Y’a ceux qui passaient par là avec leur chien et qui se sont arrêtés. Ils demandent ce qui se passe, depuis combien de temps ça flambe. Ceux-là repartiront rapidement. Y’a les couples de petits vieux qui ont mis leur capine et leurs bottes Sorel. Eux sont prêts à durer. Je remarque surtout la multitude de cellulaires en fonction. Les jeunes, grelottant dans leur manteau soit beaucoup trop serré soit beaucoup trop ample, propagent la bonne nouvelle, c'est temps de réjouissances pour eux. Y’a les groupes de jeunes yo qui arrivent en courant. Rassemblement. Je me nourris de l’excitation de la foule.

Les pompiers vont et viennent autour de leurs camions. Pas grand-chose à faire, semble-t-il. C’est une école des années 70, rien qu’à voir, on voit ben : du béton sur du béton sur du béton. Heureusement pour la magie du spectacle, le toit était inflammable. Nous avons eu droit à la chute dramatique, effet son-lumière compris, du bord du toit, de la tôle, j’imagine. Un truc qui était jadis brun et laid. Un truc qui se plie maintenant presque gracieusement sous nos yeux, qui s’effrite, qui s’envole, qui laisse une longue traînée de lumière au ciel. Un truc qui nous fout un peu la trouille – et si le vent (bien faible) changeait de côté ? On serait quitte pour une belle poudrée de grésillons. Et ça se casse par terre, ça pète. On entend des vitres se briser. Les pompiers ou la chaleur ?

Bref, les pompiers ne peuvent pas faire grand-chose. Ils ont compris bien avant nous qu’ils doivent laisser ça aller, placer leurs effectifs et attendre que le pire soit passé. D’ailleurs, en attendant, pourquoi ne pas prendre quelques clichés pour sa blonde ? Eh oui, signe des temps, les pompiers prennent quelques secondes pour se photographier devant le brasier. Ça détruit le mythe du héros bien assez rapidement. Choquant. Et soudain je me rends compte du manque flagrant de barbe sur le visage de certains. Si jeunes.

Et je remarque cette eau qui pisse toute seule sur le bord du toit de l’école. Un gicleur en furie, j’imagine. Et j’admire les deux arbres, sur le terrain, qui ne sont toujours pas en flammes. Et puis y’a ces pompiers qui traînent un boyau pour arroser les résidus qui sont tombés du toit. Je sursaute au grand « Pow ! » lorsque la pression d’eau entre dans le boyau. Le bruit se répète lorsque l'eau franchit chaque connecteur. Le serpent se tortille, se durcit. Au bout, y’a les deux pompiers qui ouvrent la valve tranquillement, l’un se tient derrière l’autre. Lui donne des instructions. Ils s'y prendront à deux fois pour éteindre les bouts de toit.

Et puis voilà, il est maintenant 23 h 30, y’a encore tout plein de fumée dans le ciel. Probablement en sont-ils rendus à arroser. Mes mitaines sentent la fumée, mes yeux piquent un peu et j'ai la gorge sèche. Pas facile la vie de blogueuse-reporter!

Allez, clin d’œil à papa et vite au lit!

C’était Sauterelle, à Père-Marquette.

2 Comments:

At 11:45 a.m., Blogger Patrick Dion said...

Arrête ça, on va t'engager à RDI !

 
At 12:30 p.m., Anonymous Anonyme said...

Je brûle d'admiration pour toi la P'tite

Dedette

 

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