27.6.07

Courageuse?

Souvent, dernièrement, on m’a dit que j’étais courageuse de m’être engagée avec un mec-père et, du même coup, avec son ado-à-temps-plein.

Ça fait bizarre à entendre. Comment réagir ? « Mais non, voyons, c’est pas du courage. C’est… c’est juste… c’est juste comme ça, c’est tout ! »

En ces moments-là, je pense que j’aurais été plus courageuse, et plus triste aussi, de passer à côté de cet homme qui me complète si parfaitement et qui me fait vibrer intensément. Il se trouve qu’il venait avec un gamin. C’est juste comme ça, c’est tout.

Bien sûr, si j’avais pu, j’aurais choisi un sans-enfant, et j’aurais surtout évité un enfant qui me ressemble trop. Mais c’est arrivé comme ça, c’est tout. Le Gamin, c’est moi à son âge. En le regardant aller, en l’écoutant nous parler, je me revois souffrir et je voudrais lui éviter les douleurs que j’ai vécues. Orienter un peu son adolescence pour faire la paix avec la mienne.

Avec eux, je découvre ma vie de femme tout en revivant les montagnes russes de l’adolescence. Courageuse, vous dites ?

21.6.07

Chez mon esthéticienne

Chez mon esthéticienne, il y a quelques semaines, c’était tout plein de sympathisme. Il y avait elle, moi, des poils en moins, de la musique, du bla-bla, de la rigolade.

Elle a maintenant des aspirations autres. Elle a agrandi ses locaux, a embauché d’autres esthéticiennes.

Et puis, soudainement, je trouve ça moins sympa. Beaucoup trop de jeunes filles poush-poushées/cromées/poupounées au pouce carré. Elles sont peut-être bien très gentilles, j’avoue que je ne les connais pas. Je ne veux pas généraliser et je travaille fort sur moi pour ne pas le faire!

Mais hier, en attendant mon rendez-vous, un échange :

Nouvelle esthéticienne No 1, donnons-lui généreusement 18-20 ans – elle a l’air de mon âge, mais bon : « Hey c’est confirmé, ma mère s’en va travailler au Japon pendant 2 ans. »

Nouvelle esthéticienne No 2, pas très énervée par la nouvelle : « Ah ok. »

Moi, dans ma tête, impressionnée : « Wow ! Elle doit être hot sa mère ! »

Nouvelle esthéticienne No 1 : « Ouin, je suis assez en criss là ! »

Nouvelle esthéticienne No 2 : « Pourquoi ? »

Moi, jouant à la vieille sage dans ma tête : « Oui, c’est comme ça à ton âge, petite : tu as encore secrètement besoin de ta maman, mais tu ne veux plus l’avouer, alors tu exprimes la déception qu’elle te quitte sous forme de colère, c’est bien normal. Tu es trop aveuglée par ton sentiment d’abandon pour ne pas voir l’occasion unique qui s’offre à ta mère. Sentiment tout à fait courant, ne t’en fais pas. Sois assurée que votre relation s’améliorera avec la distance, on en a besoin à ton âge… Et puis, tu pourras aller la visiter là-bas, chanceuse ! »

Nouvelle esthéticienne No 1 : « Ben là ! Je suis super fâchée : je ne pourrai pas aller dans le Sud cet hiver ! Ou bedon va falloir que je paye pour le voyage, fuck ! »

Nouvelle esthéticienne No 2 : « Ah shit c’est vrai, fuck ! »

Moi : « Oh God !!! »

Je suis trop vieille, je suis trop sage, ou bedon je suis trop équilibrée pour la comprendre?

1.6.07

C'est vendredi

Vendredi matin au lit avec l’Amoureux. Une journée de congé devant moi, travail en après-midi pour lui. J’entends le Gamin se lever et se préparer pour l’école. L’Amoureux s’extirpe difficilement du sommeil pour aller le saluer, puis revient à mes côtés. Nous continuons le dodo, un peu.

Puis des pensées surgissent du fond de mon demi-conscient : « Je ne finirai jamais à temps tout ce que je dois faire au boulot. » « Non, oublie ça, tu sens pas ta respiration qui s’accélère, rien qu’à cette pensée? » « Ok, ok, je dors. » … « Si on loue un appart, on fera tout peinturer par un pro. Plus simple, plus facile. » « Oui, bonne idée. » « Dors! »

Mais je n’en peux plus. Je roule sur l’Amoureux. « C’est le matin! » « Grrronnnnjourrrrhhhhhhh. » Je glisse un doigt sur ses sourcils, replace quelques poils hirsutes. Je descends le long de son nez, il émet un « mffffhhh » agacé. Il voudrait bien forcer le sommeil plus longtemps. Trop tard. Il est déjà 8 h 37, et je suis bel et décidément bien réveillée. Pas le choix, vieux! Mon doigt glisse près de ses lèvres, c’est le test entre nous.

Mon homme est croustillant, bien sûr, c’est de nature publique. Mais mon homme mord, aussi, c’est moins connu.

CLAC!

Il a mordu! Ça veut dire qu’il est réveillé! C’est le signal : « Hé, on part à quelle heure pour aller chez les Sœurs? Tu crois qu’on trouvera tout plein de beaux meubles? Tu penses qu’il va pleuvoir? Bah, j’irai en métro, c’est pas grave. Je prendrais bien une belle armoire en bois, ou une table de travail. Et tu sais, j’ai pensé qu’on pourrait faire peinturer l’appart au lieu de se taper tout le boulot. Vert, pour la chambre, ça te dit? Et on placera ta guitare à côté de mon piano, on va avoir l’air de vrais musiciens! Faudrait mettre le Gamin à l’harmonica ou à la guimbarde, n’importe quoi, pour qu’on fasse un band rock! »

« Grrrrrduhhhhhcalllllmmme. » Une fossette naît tout de même, ses yeux s'entrouvent et sourient déjà. Il se retourne lourdement et s’écrase sur moi. Le poids de son corps sur le mien, sa main sur ma hanche. Sa bouche, ses lèvres sur mon épaule… « AYOYE! Tu m’as encore mordue! »

J’aime nos matins au lit.